Ainsi se trouvent rassemblés, dans un récit à la fois temporel et spatial, les images fragmentaires et éparpillées de la ville. Le roman accueille et même adopte l’impulsion des graffitis urbains tout en leur donnant certaines dimensions inaccessibles aux arts visuels. Son roman laisse entendre qu’à la fin du XXème siècle, le rôle de l’artiste est de répondre aux sollicitations visuelles et intellectuelles que les médias font subir au public, d’abord en plaçant les productions dominantes sous un jour ironique, et en transformant ensuite ces modes d’expression discrédités en de nouvelles formes culturelles. En explorant l’esthétique de ces artistes de fiction et du graphiste Ismael Muñoz en particulier, DeLillo nous livre son propre manifeste esthétique. Ils doivent se réapproprier les surfaces disponibles et y superposer leurs images et leurs couleurs. Les artistes représentés dans le roman doivent regagner l’attention du public et proposer leur propre forme de communication. Dans la métropole postmoderne l’espace public est saturé par les signes et les systèmes de l’activité mercantile. A travers les descriptions ekphrastiques de Underworld, Don DeLillo définit la place et la nature de l’art dans la société américaine postmoderne tout en affirmant son art du roman.
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